Pour les PME, les efforts en matière d’isolation ne sont pas toujours la priorité. Elles tentent plutôt d’améliorer le rendement énergétique de leurs machines, leur éclairage, leur chauffage.
Les rénovations faites par les PME sont beaucoup moins courantes que celles sollicitées par les particuliers. « Les chantiers sont rares. » Le constat est clair. Il est posé par Laurent Ruidant, cofondateur de la société Otra, active dans l’écoconstruction. Qu’est-ce qui peut expliquer une telle situation ? « Une première raison est que, bien souvent, les PME ne sont pas propriétaires des bâtiments dans lesquels elles opèrent », diagnostique ce spécialiste, qui est également président de la plateforme wallonne de l’isolation (PWI). « Or, la location limite les possibilités d’entreprendre une rénovation énergétique. »
Autre facteur : l’isolation est un critère jugé secondaire. Pour ces acteurs économiques, il est beaucoup plus important d’être bien situé géographiquement que d’être installé dans un local thermo-efficient. Ils doivent, en effet, pouvoir être proches des axes de communication ou être connectés à leurs marchés, à leurs donneurs d’ordre…
La question du coût joue aussi. « Isoler de grands halls, par exemple, coûte très cher », poursuit Laurent Ruidant. « De tels investissements ne sont pas toujours évidents pour de petites structures. A fortiori si d’autres besoins sont plus urgents, comme produire, recruter, prospecter, exporter,… Si une rénovation est malgré tout envisagée, les PME s’occupent alors bien souvent de modifier le chauffage. Elles ont davantage de maîtrise sur cet équipement que sur le foncier. Néanmoins, cela ne constitue qu’une petite partie de la solution. Pour tout bâti, une bonne isolation restera toujours la mesure la plus efficace.»
Si les chantiers de rénovation sont moins fréquents, une dernière raison l’explique. Dans le cas des PME avec activité productive ou logistique, les locaux n’ont pas besoin d’être bien chauffés. «Pour ces sociétés, le système de chauffe et l’isolation n’ont pas la même importance que pour les maisons et les bureaux», juge Gregory Tack, expert en technologies renouvelables au sein du SPW Energie. « L’essentiel des coûts énergétiques de ces petites sociétés se rapporte à leurs activités : faire tourner des machines, éclairer les locaux, assurer une conservation frigorifique, etc.»
C’est donc sur ces points précis que portent les actions. Du côtés des industries (grandes et petites), elles prennent la forme d’accords de branche ». Le but est de diminuer de façon volontaire les émissions de CO2 en échange d’avantages financiers et administratifs. De tels accords ont été conclus par une quinzaine de secteurs avec les autorités régionales dès 2003. Après deux périodes (2003-2013 et 2014-2023), de nouveaux objectifs de réduction vont bientôt être fixés. Cela concerne 232 sociétés au total. Soit 95 % de la consommation énergétique industrielle du pays.