Une vision globale pour une rénovation optimale Une vision globale pour une rénovation optimale

Une vision globale pour une rénovation optimale

Actu énergie  — 

Peu importe que l’on opte pour une rénovation énergétique en une seule fois ou par étapes, il est crucial d’établir un plan global de son projet. Cela permet d’éviter de mauvaises surprises comme des surcoûts, des effets de blocage et même parfois des problèmes de salubrité…

Pour améliorer les performances énergétiques de son logement, on pense souvent à remplacer ses châssis ou son système de chauffage. Ces quelques travaux offrent généralement davantage de confort mais, sur le long terme, il est courant qu’ils deviennent peu rentables…

Beaucoup de bâtiments anciens ont en effet été conçus sans aucune gestion de la problématique énergétique et les rénover sans une stratégie globale peut entraîner des problèmes et des sur- coûts. « On remarque que dans les logements existants, certains travaux d’embellissement ont involontairement empiré le confort et la consommation énergétique ces dernières années », observe Ariane Caudron, architecte associée du bureau AC-DC et membre du conseil d’administration de la Plateforme maison passive. «Ces rénovations augmentent par exemple l’étanchéité à l’air de bâtiments qui sont chauffés, mais peu ou pas ventilés et isolés. Cela crée des phénomènes de condensation et des problèmes de salubrité importants liés notamment à l’apparition de champignons et de moisissures. »

Qu’elle soit purement énergétique ou pas, une rénovation doit être pensée dans son ensemble si l’on veut qu’elle soit efficace. De nombreux éléments du bâtiment sont liés entre eux et si l’on n’en tient pas compte, on risque de s’exposer non seulement à des problèmes de salubrité, mais aussi à des coûts in- utiles et des effets de blocage –aussi appelés «effets lock-in». «L’un des exemples classiques de cette problématique est celui de la rénovation de la toiture », illustre Ariane Caudron. « Si on la remplace et l’isole, il est notamment important de prévoir de petits débordements pour faire le raccord avec l’isolant de la façade au cas où on prévoit d’isoler celle-ci. »

Lorsqu’on change ses châssis, il est également nécessaire de tenir compte de la façon dont on va éventuellement isoler sa façade par la suite afin d’assurer une continuité dans l’isolation du bâtiment. On peut également voir plus loin et anticiper le placement de raccordements ou conduites pour des installations futures comme des panneaux photovoltaïques ou encore un système de ventilation. Cela représentera un petit surcoût au moment même, mais permettra de gagner du temps et de l’argent par la suite.

 

Etaler ou concentrer les travaux ?

Bref, tout est lié et le fait d’avoir une vision globale de sa rénovation permet d’éviter de nombreux désagréments liés aux effets de blocage, tout en réalisant de meilleures économies au niveau énergétique comme financier. « Le coût global des travaux énergétiques est beaucoup moins élevé si on les envisage dans leur ensemble», souligne Ariane Caudron. « Cela permet d’éviter les surcoûts liés aux effets de blocage, mais c’est par exemple aussi plus facile de monter une seule fois un échafaudage pour refaire en même temps la toiture et la façade. »

Réaliser les rénovations d’une traite permet également de limiter les désagréments liés aux travaux ou encore d’introduire une seule demande de permis lorsque c’est nécessaire. Ces grosses transformations sont souvent pertinentes lorsqu’on rachète un logement, qu’on l’agrandit ou qu’il change d’occupants. L’essentiel est toutefois moins d’effectuer les travaux en une seule fois que de disposer d’une vision globale de ce qu’on prévoit de faire. On peut en effet très bien étaler les rénovations énergétiques, à condition de procéder dans l’ordre et d’anticiper les raccords entre les différents éléments.

Beaucoup de propriétaires optent pour cette solution, souvent pour des raisons de coûts. « Si l’on vise un label PEB A, les rénovations sont souvent lourdes car multiples», admet Ariane Caudron. «On tourne généralement autour des 30.000 à 80.000 euros pour une maison classique, une fourchette large car cela dépend de la surface des parois de déperdition. Il faut aussi no-ter que le coût des travaux a souvent tendance à grimper car les habitants ne se contentent pas des aspects énergétiques mais en profitent aussi souvent pour se faire plaisir et embellir leur logement. »

Les postes clés d’une rénovation durable

L’ordre et la pertinence des travaux peuvent être facilement déterminés grâce à l’audit Logement et sa feuille de route. Les éléments à améliorer sont toutefois assez similaires d’un bâtiment à l’autre.

  • L’isolation concerne toutes les parois qui composent le bâtiment : toit, murs, sols, châssis. Ces derniers sont sou- vent les premiers à être remplacés, mais ils ne représentent que 10 à 15 % des déperditions énergétiques dans une maison non isolée (20 à 30 % pour la toiture et les murs extérieurs). L’isolation est inexistante dans de nombreux logements puisqu’elle s’est répandue à partir des années 1980-1990, mais les normes de l’époque ne correspondent plus aux standards actuels.
  • L’étanchéité à l’air : l’isolation ne suffit pas pour éviter les fuites d’air. Elle doit être complétée par divers mécanismes pour rendre les parois étanches comme le pare-vapeur ou l’enduit de finition en cas d’isolation par l’extérieur. Ces éléments doivent être mis en œuvre avec soin, notamment au niveau des raccords murs-fenêtres ou murs-toiture.

  • La ventilation: négligée, elle est toutefois cruciale pour éviter les problèmes de condensation dans les bâtiments isolés et étanches à l’air. La ventilation permet aussi d’améliorer le confort de vie et la qualité de l’air grâce à un renouvelle- ment qui limite les pertes de chaleur. Il existe différents systèmes de ventilation, les plus efficaces étant ceux à double flux qui récupèrent la chaleur.
  • Le système de chauffage : pour être optimal, il doit être bien dimensionné par rapport à l’habitation. L’amélioration préalable de l’enveloppe des bâtiments permet de diminuer les besoins en chauffage et de limiter l’empreinte sur l’environnement. Il peut s’agir de pompes à chaleur, de chaudières (biomasse) à condensation…
  • Les énergies renouvelables : une fois qu’on a obtenu un bâtiment performant au niveau énergétique, on peut encore réduire ses factures et son empreinte environnementale en optant pour la production d’énergies renouvelables. Les plus courantes : les panneaux photovoltaïques pour produire de l’électricité ou les panneaux solaires thermiques pour chauffer l’eau. Ils permettent aussi d’être moins dépendants des énergies fossiles.

La Ville de Liège donne l’exemple

Les autorités publiques appliquent elles aussi une vision de plus en plus globale lorsqu’il s’agit d’améliorer énergétiquement leurs bâtiments. La Ville de Liège a par exemple bouclé récemment un important chantier de rénovation qui a permis la création de neuf logements publics avec un label PEB A. Le projet concernait la réhabilitation de trois immeubles voisins situés dans

es rues de la Cathédrale et de la Madeleine, et qui étaient pour la plupart en très mauvais état. D’importants travaux ont été réalisés pour y aménager des appartements à loyers modérés très qualitatifs grâce à des superficies confortables, des espaces extérieurs privés ou encore des zones communes soignées incluant notamment un local vélos. Une attention particulière a également été portée à l’aspect énergétique, qui est d’autant plus important dans ce type de logements. L’efficacité des bâtiments permet en effet de réduire les consommations en termes d’énergie et par conséquent les charges appliquées aux locataires ayant des moyens financiers limités. «La performance énergétique est prise en compte dans nos projets depuis de longues années, mais ce projet représente notre démarche la plus poussée», souligne Marie-Anne Vanhamel, architecte et cheffe de division technique du Service du logement de la Ville de Liège. « Nous sommes toutefois arrivés au label PEB A avec des moyens assez simples. Nous avons isolé la toiture et les façades, par l’intérieur pour celles à l’avant, et par l’extérieur pour celles à l’arrière. Des châssis à double vitrage performants ont été installés ainsi qu’un système de ventilation C+ et des chaudières murales au gaz à condensation. »

Les appartements étant destinés à la location, la Ville de Liège a choisi des équipements simples, durables et qui ne nécessitent pas trop de maintenance. La réalisation a par ailleurs été sélectionnée par le Service public de Wallonie – Énergie et la Plateforme maison passive pour participer au programme Interreg V GReENEFF, dont l’objectif est de soutenir des projets innovants en matière de développement écologique dans le domaine de l’aménagement urbain durable des quartiers et des logements sociaux à haute performance énergétique dans la Grande Région.

Cela signifie qu’elle a reçu des subsides, mais aussi qu’elle contribuera comme les autres projets du programme à établir un guide transfrontalier de bonnes pratiques pour ce type de rénovation. Pour la Ville de Liège, ce projet entièrement conçu en interne par le Service du logement a permis de réaliser une belle opération de rénovation urbaine tout en expérimentant concrètement les recommandations imposées aux architectes extérieurs.

Source : Le Soir 

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